cours n°20 Médecine Paléolithique: les grandes pierres

D’après le livre de Pierre RIBON « guérisseurs et remèdes populaires dans la France ancienne »

Médecine Paléolithique dans les Cévennes et le Vivarais

 

  Les pierres 

Les grandes pierres

Les grandes pierres guérisseuses sont de plusieurs sortes:
– Les dolmens
– Les menhirs
– Les pierres à empreintes, plus quelques autres.
Mis à part ces dernières, ce sont toutes des pierres préhistoriques, liées à des cultes religieux.
L’activité de ces pierres se rattachait à leur pouvoir bénéfique dû à leur « construction » sur des sites sacralisés en relation avec les forces telluriques, célestes, magnétiques, solaires.
Il s’agit d’un phénomène de transfert de maladie.
On vient se débarrasser de son mal contre ces pierres sacrées.

  Les dolmens

En Ardèche (07) ont été dénombrés 500 dolmens environ.
Certains ont été détruits pour la commodité de la culture des champs.
Ce sont des tombes préhistoriques situées en un lieu ou le courant tellurique a sur l’homme une action spirituelle.

Dolmen de Champ-Vermeil à Bidon. Photographie : http://jipai.over-blog.com

 

« Ils recréent la caverne et c’est au sein de la terre, dans les chambres dolménique, que l’homme va chercher le don terrestre. »(Michel et Clébert 1979.)
Ils délimitent des espaces sacrés, ce qui explique la construction d’églises ou de monuments chrétiens sur leur emplacement.
  1. L’église de Lachamp Raphaël, comma la cathédrale du Puy en Velay tout proche, a été construite sur un de ces dolmens. On y voyait au début du XXeme siècle une dalle noire préhistorique qui a été enlevée par un des derniers curés.
    Elle avait le pouvoir de fortifier les enfants chétifs. Il fallait que le prêtre lise l’évangile sur l’enfant au-dessus de cette dalle. S’il faisait pipi, la guérison était proche. Cette dalle était la table du dolmen.
  2. Près de Saint-Marcel d’Ardèche, l’on conduisait les personnes atteintes de teignes et de maladies de la peau dans la chapelle de Saint-Sulpice. Là, on roulait le malade tout nu sur la pierre de l’autel; cette pierre provenait d’un dolmen. Cette pratique s’est perpétué jusqu’en 1967. A cette époque, les pèlerins laissaient sur place les vêtements des malades. Un article de presse est paru aux USA en 1975 dans un journal de l’état d’Iowa étudiant cette chapelle Saint-Sulpice.
  3. Dans la commune du Roux, existait au Moyen-Age une chapelle Santo-Obelio en patois ou Sainte Abeille en français. Elle était construite près d’un dolmen. Celui-ci était dédié à Obélio. Il est évident que « Abeille » dérive ici de Obélio, comme dans le cas de Peyrebeille qui signifie pierre(menhir) à Belio. Cet oratoire fut détruit pendant la guerre de Cents ans. Les moines de Mazan voulurent, dit-on, emporter dans leur monastère une pierre gravée provenant de ces ruines. Les bœufs qui tiraient la charrette refusèrent d’avancer quand ils passèrent devant l’église du Roux. On peut voir un trou rond de 3 à 4cm de diamètre et de 5 à 6cm de long dans une pierre rouge rectangulaire à la base du pilier droit du chœur. Il s’agit bien d’une pierre préhistorique réemployée ici. Les populations se rendaient auprès d’elle pour guérir de maux d’oreilles, en particulier les bourdonnements. Les malades plongeaient alternativement leur doigt dans l’oreille et dans la cavité de la pierre après avoir prié dans l’église. Il est facile de comprendre l’association entre le nom de Sainte-Abeille et le bourdonnement produit par les abeilles et les bourdonnements d’oreilles.

Les menhirs

En Ardèche, il subsiste anormalement peu de menhirs par rapport au nombre de dolmens et de pierres à empreintes. Certainement ont-ils été détruits systématiquement. Ils jouissaient d’une mauvaise réputation car leur vrai signification avait été déformée.
Ils étaient des pierres dressées pour capter et concentrer, à la fois les courants telluriques par leur socle et les courants célestes par leur sommet.
Ils condensaient ces deux forces en eux-mêmes.
Ils avaient le pouvoir bénéfique pour l’homme, un pouvoir fortifiant, fécondant au sens large du terme.

Menhir situé sur la commune de Saint-Agrève


Il semble que l’on n’ait retenu progressivement que le pouvoir fécondant sexuel.
On a vu en eux des phallus stylisés.
Ce qui a fait apparaître des coutumes et des rites spéciaux.
En Bretagne, les femmes allaient frotter leur corps contre certains menhirs pour être fécondes.
En Ardèche, nous avons trouvé peu de traces de ces menhirs fécondants, le seul souvenir concerne un menhir à Fougères autour duquel les bergères venaient danser pour trouver rapidement un mari et avoir beaucoup d’enfants.

  Les pierres à empreintes ou cupules

Il en existe de très nombreuses en Ardèche.

Ce sont des cavités creusées dans la roche par l’homme néolithique.

Rocher à cupules à Mayres 07. Photo : L’auberge du pont à Mayres



Elles ont une forme qui rappelle un récipient, et sont appelées « pied de Gargantua », « écuelles du diable », « pied du cheval de Sint Martin ».
Elles se trouvent dans des sites sacralisés, par exemple au sommet de rochers tabulaires tel « la dent de Rez », « le rocher de Sampzon », « le rocher de Sourton », ces deux derniers rappelant des tombeaux géants.
Tous dominent une plaine et sont visibles de plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde.
On en rencontre près des sources à Peyraud, à Mercuer.
A Vinezac est visible un double alignement de trous dans la rivière La Lende, en bordure du centre culturel celtique de Kerie ou Laquérié.
Leur situation au sommet de rochers, donc proches du soleil, ou à proximité de l’eau (sources ou rivières), confirme la théorie selon laquelle étaient destinées au culte d’Obélio (ou Belem) Dieu du soleil et des eaux.

A soutron, commune d’Arcens, se trouve une chapelle Saint-Julien construite sur une pierre à empreinte en forme de bassin.
Une légende rapporte que 3 frères, Julien, Martial et Andéol vivaient dans une petite ferme de ce hameau.
Ils décidèrent de se séparer pour vivre en ermite l’un à Saint-Martial, l’autre à Saint-Andéol de Fourchade, le dernier à ces endroits.
Tous les soirs, chacun allumait un feu devant son ermitage.
Un soir le feu de Julien ne s’alluma pas, car il était mort.
On éleva ladite chapelle en sa mémoire.
Une légende de 3 feux existe également à Villeneuve-de-Berg en des termes très proches.
Cette pierre était efficace contre les maladies des jambes; elle guérissait les entorses, fortifiait les enfants lents à marcher, calmait les enfants grognons.

Autre pierre christianisée

Sur la façade de l’église de Saint-Eulalie, près du toit, se trouve une pierre sculptée représentant soi disant, une tête de loup (en haut à droite de la façade.)

Eglise de St Eulalie en Ardèche. Photo : Mapio.net


En fait, il s’agit plutôt d’une tête d’ours d’après le père Teyssier curé de la paroisse.
C’est une gargouille de l’église primitive du XVeme siècle réemployée ici en 1856.
Pourquoi avoir conservé cette tête de loup?
Était-elle chargée d’un symbole?
Le loup était le symbole des sorciers et des serviteurs de ce Dieu.
On retrouve un peu partout en France des saints Loup guérisseurs.
Cette pierre avait le pouvoir de soigner « les maladies d’appétit ».
On faisait boire aux patients l’eau de pluie qui coulait de la gargouille.