Médecine Paléolithique dans les Cévennes et le Vivarais
Les pierres
Les petites pierres
Les petites pierres guérisseuses sont connues depuis toujours en Ardèche, plus particulièrement dans les régions volcaniques proche des sources de la Loire.
On les trouve abondantes dans la Haute-Loire voisine.
Depuis quelques années, on en parle beaucoup plus que durant les décennies antérieures.
Il a paru en 1980, une étude publiée par le musée Guinet de Lyon, dans un ouvrage intitulé « Homme et terroir ».
La revue du Vivarais a publié en 1975 un article de M Enjolras et en 1982 un article de M Martin sur le même sujet.
Les pierres de tonnerre ou les pierres de foudre
Ce sont des haches préhistoriques en pierre polie.
Leurs dimensions sont de 2 à 3cm sur 6 à 10cm.
Leur couleur varie du noir uniforme au noir veine de blanc.
La légende les fait naitre du tonnerre.
Quand la foudre tombe, il suffit d’aller au point de chute pour en trouver.
La foudre était pour les gaulois une manifestation du dieu Taran ou Taranis.
Elle était le fruit de la conjugaison des forces célestes et telluriques et créait un espace sacré à son point de chute.
Elle sacralisait les objets qu’elle touchait et leur conférait un pouvoir magique.
Pour déterminer l’emplacement d’une maison, on utilisait une pierre du tonnerre.
Elle était lancée en l’air, là où elle tombait, était construite la maison.
Celle-ci devenait un lieu sacralisé.
Au cours de la construction d’une maison, on incluait une pierre de tonnerre soit dans le seuil, soit au-dessus du linteau de la porte.
Ces pierres de tonnerre étaient donc des préventifs contre le tonnerre, mais aussi contre les maladies des hommes et des animaux.
Les pierres de la pigote
Elles sont de deux sortes: soit des éclats de pierres de tonnerre, soit des pierres en variolite verte.
Ces dernières ont été amenées en Ardèche par les bergers transhumants.
Ce sont des galets descendus du Queyras par le Guil et la Durance.
Elles ont le pouvoir de protéger les troupeaux du tonnerre et des maladies.
Ces pierres étaient placées dans le grelot du bélier.
Quand les animaux étaient malades, on les frictionnait avec ces pierres.
A noter que de nos jours, on trouve ces pierres vertes au pied du Mont-Cenis et du Mont-Genèvre.
Les pierres à venin, les pierres de serpent
Elles sont très variables d’aspect, elles peuvent être de couleur uniforme ou ressembler à des peaux de serpents, de crapauds, de salamandres; c’est à dire multicolores.
Avec des taches, des bosses qui imitent écailles et verrues.
Elles sont efficaces contre les morsures de vipère, les venins de crapaud, de salamandres, les piqûres de guêpes et tous les insectes.
Les pierres jaunes sont efficaces contre les crapauds.
Les pierres bleues contre la salamandre.
Les pierres rouges mouchetées de noir contre les vipères.
La tradition rapporte que l’on trouvait ces pierres dans les pierrailles et broussailles ou vivent les animaux venimeux.
Cette tradition est très ancienne.
Rouchier (1861) traduisant Pline décrit ainsi la récolte de l’œuf de serpent par les gaulois:
« Durant les ardeurs de l’été, on voit quelquefois se rassembler une troupe de serpents, qui s’attaquent, se mêlent, s’entrelacent, remplissant l’air de leurs sifflements.
Avec la bave qu’ils rejettent, jointe à l’écume qui suinte de la peau, il se produit alors une espèce d’œuf, qui durcit peu à peu, et que toutes ces têtes de serpents, dressées les unes contre les autres, tiennent élevé en l’air et semblent se disputer entre elles.
Si l’homme témoin de l’horrible mêlée a le courage de courir droit aux combattants, de les attaquer et de les mettre en fuite, il s’emparera de la pierre qui sera pour son heureux possesseur un puissant préservatif des accidents de la vie,et le remède salutaire d’une foule de maux réputés incurables.
Un homme, aposté à cet effet, s’élance, reçoit l’œuf dans un linge, saute sur un cheval qui l’attend, et s’éloigne à toute bride, car les serpents le poursuivent jusqu’à ce qu’il ait mis une rivière entre lui et eux.
La conquête de l’œuf devait avoir lieu à une époque déterminée de la lune.
Pour qu’il fut réputé de bon aloi, au jugement des druides, il devait surnager, lorsqu’on le plongeait dans l’eau, entouré d’un cercle d’or ».
Certains de nos correspondants nous ont rapporté que l’on récoltait encore des pierres de serpent il n’y a pas très longtemps dans la région d’Alba.
Les témoins des combats couleuvres contre vipères, vipères contre crapauds ou vipères entre elles ramassaient les pierres sur lesquelles ils s’étaient déroulés et où la bave des combattants avait coulé.
On utilisait aussi les pierres sur lesquelles avaient été trouvé des nœuds de vipère au printemps.