cours n°38 Médecine Paléolithique: laine, laits, levain et présure.

Laine

  1. La pharmacie populaire utilise souvent des fils de laine pour préserver et soigner humains et animaux. De préférence de couleur rouge, autour du ventre, du cou, des chevilles, des poignets contre les différentes affections atteignant ces organes.
    La flanelle rouge autour du ventre de nos ancêtres aurait-elle un rapport avec cet usage? Il semble que oui. En effet Olivier de Serres préconise « une pièce de drap de laine, teinte en écarlate, saupoudrée de girofle, cannelle et autres poudres aromatiques ». Ces applications préservent et soignent les « douleurs ».
  2. A Largentière les ouvrières fileuses mettaient de la laine brute pour éviter les coupures entre leurs orteils car elles travaillaient pieds nus. (Charrié 1964). Le suif nourrissant la peau et la laine protégeant des frottements.
  3. Laine avec suif, comme dans le cas précédent, entourée d’un mouchoir pour protéger des piquants qu’elle contient, mise autour du cou contre les angines. Cela donnait un emplâtre réchauffant du style coton « thermogène ».
  4. Nous avons relevé un usage vétérinaire très spécial et qui semble encore vivace de nos jours.Quand une chèvre ou une brebis ne mange pas parce qu’elle a eu froid, on lui serre la queue en son milieu avec un fil de laine. La queue enfle. Au bout du deuxième jour on pique avec une aiguille. Il coule de « l’eau ». On enlève alors le fil de laine, la queue coule 8 jours environ, au bout desquels la bête est guérie. La même technique s’applique à une oreille. On fait de même à titre diagnostique quand un de ces animaux ne mange plus. S’il y a enflure c’est qu’il a pris froid. Cet usage des abcès de fixation chez les animaux, et chez les hommes d’ailleurs, était très prisé.

Laits

Le lait de différents animaux se trouvait dans toutes les maisons, c’était un aliment de base, qui, comme le pain et les œufs, était environné d’un prestige presque mythique, ce qui explique ses nombreux usages en thérapeutique.

Lait d’ânesse

« contre les dents agacées, tenir du lait d’ânesse dans la bouche. » (Olivier de Serres).
« contre le mal de poitrine, le malade boira tous les matins, quatre heures avant le repas, deux ou trois doigts de lait d’ânesse ou de chienne, fraîchement tiré. » (Olivier de Serres).
Au XIX eme siècle il était conseillé d’en boire contre la pneumonie.

Lait de femme

Pour faire tomber les croûtes de lait dans les cheveux des enfants on l’employait en compresses.
Contre les orgelets on faisait de même. Cet usage semble avoir été très répandu, il se pratiquait encore il y a peu de temps.

Lait de vache

Contre les brûlures en compresse comme adoucissant.
Contre les troubles digestifs, y compris la typhoïde, on l’employait sous forme de lait caillé par la voie buccale.

Lait de poule

C’est un remède encore très employé. Il est obtenu en battant un ou deux œufs dans du lait de vache. Ce qui donne une émulsion onctueuse. On l’emploie comme reconstituant en boisson ou en lavement.

Levain et présure

« Pour faire percer quelques tumeurs sans lancette: prenez du levain le plus vieux et le meilleur et de la présure dont on se set pour faire cailler le lait. Autant de l’un que de l’autre. Mettez le tout en forme de cataplasme que vous appliquerez sur le mal. » (Manuscrit C). Il s’agit là d’un emploi très judicieux et rationnel qui laisse deviner l’utilisation actuelle des enzymes et levures dans tous les cas de furonculoses et autres staphylococcies.