cours n°35 Médecine Paléolithique: les fientes

Fientes

L’usage des fientes est très répandu jusqu’à l’époque contemporaine.
C’est une application directe des formules préconisées par le Grand Albert et Olivier de Serres qui en faisaient grand usage, succédant en cela à Hippocrate et à Galien.

Fientes de poule

Elle était employée au début du XX e siècle en bouillons contre les congestions pulmonaires, on l’appelait le poulinas.
Contre les coliques bue avec du vin ou du vinaigre elle était très efficace. Cette même formule s’employait contre les champignons « vénimeux » (sic) comme vomitif; on comprendmieux l’efficacité. (Manuscrit M).

Fiente de brebis

Elle était employée en cataplasme contre les rhumatismes. Charles Forot et Michel Carlat (1980) racontent une histoire vraie, rapportée par un médecin exerçant à Saint Félicien vers 1930. « Un grand-père fut couvert de fiente de mouton jusqu’à la ceinture. On le laissa trois heures. Au bout de ce temps là, la peau des jambes et des cuisses s’en alla comme un caleçon. Le grand-père ressentit un grand réchauffement et faillit mourir »…

Fiente de vache

« Après l’accouchement placer sur le ventre de la femme de la fiente de vache mélangée avec du millet fricassés avec de l’huile de noix. Contre l’hydropisie faire des cataplasmes de fiente de vache chaude. » (Olivier de Serres).
« Contre les morsures de guêpes et de mouches à miel il faut appliquer de la fiente de vache mélangée à de l’eau et du vinaigre. » (Manuscrit M).
Forot et Carlat (1980) citent un autre médecin de Saint Félicien.
« Un homme jeune vint le chercher parce que sa femme avait une hémorragie utérine. En attendant, les matrones qui entouraient le lit, avait rempli le vagin de la femme de bouse de vache fraîche.
Quand le médecin arriva, l’hémorragie était arrêtée. Cette femme s’en tira le mieux du monde. » L’emploi de la bouse de vache pour cicatriser les plaies n’est pas rare.

Fiente d’oie

Pour la jaunisse « prenez une drachme de fiente d’oie ou de poule avec du vin blanc à jeun pendant 8 jours consécutifs ». Manuscrit M).

Fiente de lézard

Elle ne devait pas être facile à récolter. On l’employait pour laver les yeux: « des escargots seront mis à distiller au bain-marie et dans huit onces de leur eau on infusera:
Tuthie préparée: 2 drachmes
Sucre candi: 2 drachmes
Fiente blanche de lézard: 2 drachmes
Os de seyche: 2 drachmes
Le tout bien pulvérisé et mêlé dans ladite eau sera mis dans l’ambilic ». (Olivier de Serres).

Fiente de mulet

« Prenez de la fiente de mulet chaude et nouvellement faite.Mettez-la infuser dans du gros vin noir. Ensuite exprimez ledit vin dans un linge blanc (encore le blanc). Faites avaler au malade un verre ou deux de ce vin et le mettez coucher. Cela fait suer prodigieusement et guérit parfaitement la pleurésie. » (Manuscrit du Griotier).

Fiente de cheval

Contre les brûlures, onguent avec quatre onces de pelotes de fiente de cheval récemment faites; meslées avec douze onces de graisse de porc poëlle. Fricasser le mélange sur un feu modéré pendant environ 1/4 d’heure en le remuant avec une spatule. Puis le couler tout chaud. L’exprimer fortement au travers d’une forte toile. Laisser « refroidir » la colature, et ce sera l’onguent bon pour la brûlure, entamée ou non entamée. (Manuscrit M).

Fiente de chien

« Contre les coliques : fiente de chien amassée durant les jours caniculiers et bue en eau. » (Manuscrit M).

Fientes, urines, … maquereaux, sardes…

« Contre la teigne.La teste teigneuse sera lavée avec du pissat de bœuf, la frottant jusqu’au sang. Puis saupoudrée de poudre faite de fiente de poulaille séchée au four. Y emplastrant de la suie du four subtilement pulvérisée, meslée avec du fort vinaigre. »
Cette formule nous a paru très élégante et dans sa composition et dans sa prononciation en vieux français : teste teigneuse, pissat,poulaille, suie, vinaigre. Toutes des bonnes choses… Pour emplastrer ! Ah! Oliver de Serres!
Il continue d’ailleurs en conseillant un autre emplâtre contre la teigne: « aussi emploie-t-on heureusement le saumure des anchois, des sardes, des harengs, des maquereaux, et le marc des dits poissons salés, mis en cataplasme sur la tête…
Les médicaments de la teigne ne sont pas plus ragoûtants que la maladie elle-même…