cours n°40 Médecine Paléolithique: œuf, omelettes.

Œuf

Il se trouve dans toutes les maisons, d’où des emplois multiples jusqu’à nos jours.
Contre la taie des yeux « prendre un couple d’œufs frais, cuits durs sous les cendres, déchargés de leurs coques, coupés en deux, vidés de leurs jaunes. A leur place mettre du sucre candi et de la tuthie autant de l’un que de l’autre, pour remplir le vide.
Puis rejoindre les moitiés, les lier avec du fil. Les mettre à tremper dans de l’eau de roses, dans un petit vase. Au bout de 24 heures retirer, écraser, presser à travers un linge, pour en faire sortir la liqueur.
Mettre de celle-ci soir et matin quelques gouttes dans l’œil ». (Olivier de Serres).
Contre les entorses, faire un emplâtre de blanc d’œuf et de sédum en suspension dans l’huile d’olive.
Contre les épanchements de synovie, prendre un œuf à coquille blanche, battre son blanc en neige, le mettre sur l’épanchement, recouvrir d’un linge blanc et l’attacher avec un fil blanc.
Laisser en contact deux heures et recommencer si nécessaire jusqu’à guérison. La couleur blanche joue une fois de plus un rôle très important. Les utilisateurs insistent beaucoup sur la couleur.
Contre les orgelets appliquer un blanc d’œuf cuit dur, coupé en deux et vidé de son jaune.
Contre les irritations des yeux faire des bains avec du blanc d’œuf cru. Il faut remarquer que les bains d’yeux se pratiquent souvent avec des produits de couleur blanche: lait, blanc d’œuf.
Pour faire mûrir un panaris, il faut envelopper le doigt avec la pellicule intérieure de la coquille. Quand la douleur  est trop vive, il faut plonger le doigt, de temps en temps, dans le jaune cru.
Comme recalcifiant il faut avaler des coquilles d’œufs mélangées à du jus de citron, ce qui donne du citrate de calcium.
Comme reconstituant, fortifiant, il faut boire du vin rouge dans lequel on a battu un œuf entier. Cette recette rappelle le lait de poule.
Il faut signaler le pouvoir thérapeutique des œufs du Vendredi Saint. Ceux qui sont pondus ce jour là se conservent toute l’année et sont utilisés contre de nombreuses affections.
Dans le Bugey on retrouve la même croyance. Ces œufs « durcissent avec le temps », aussi faut-il les utiliser dilués dans une infusion par exemple.

Omelettes

Les omelettes étaient très employées contre la rage. Mazon (1884) en cite deux particulièrement réputées celles de Courry et de Saint-Prix.
Les Ardéchois du Sud quand ils étaient mordus par un chien présumé enragé couraient immédiatement à Courry dans le Gard.
Arrivé là il fallait demander au premier individu rencontré de confectionner une omelette dont on ignore la composition.
Dans la région de Lamastre il fallait courir au couvent de Saint-Prix où les sœurs confectionnaient une omelette à base d’ail.
Nous avons retrouvé une formule d’omelette contre la rage. « Il faut prendre une once d’écaille d’huître mâle pulvérisée. Battre avec un œuf frais, sans sel et cuit en omelette avec de l’huile quelconque, mais jamais de beurre ou de graisse. Faire neuf parts aussi égales que se peut. Prendre une portion le matin le plus tôt possible pendant neuf jours. Le neuvième jour on mange le neuvième morceau, sans pain et sans boire. On ne donne à manger et à boire que trois ou quatre heures après. Ensuite il faut préparer une tisane avec quatre onces de myrtilles en racines que l’on boira après le neuvième jour. Pour les enfants donner demi-dose ». (Manuscrit A).
Ces omelettes étaient très efficaces, car la plupart des chiens qui mordaient n’étaient pas enragés…
Olivier de Serres préconise après l’accouchement une omelette avec cinq ou six jaunes d’œuf plus une once de cumin concassé, cuite avec de l’huile d’aneth  et de jasmin, appliquée sur le ventre de l’accouchée.
« A Lagorce pour guérir de la jaunisse il fallait faire des cataplasmes avec une omelette sur le creux de l’estomac à trois jours d’intervalle, durant neuf jours. La formule était: verveine sauvage hachée et cuite avec des œufs ». (Charrié 1964).
A Grospières une femme faisait confectionner une omelette à base de poudre de chasse pour guérir la maladie du charbon. On l’appliquait en emplâtre. C’est une illustration de la théorie de la Signature, la poudre est noire comme le charbon.
Contre les fièvres, faire une omelette avec suie de cheminée + vinaigre + œufs frais + sel, appliquer en cataplasme attaché avec des linges sur les pouls. (O. de Serres).