Les animaux
Les animaux et produits d’origine animale ont toujours été très employés par les humains. Les hommes primitifs mangeaient les différents organes de leurs victimes animales (y compris humaines) pour fortifier leurs propres organes: cervelle, foie, cœur, testicules, poumons, reins.
Le Grand Albert vante les vertus merveilleuses de certains animaux. Il utilise leurs fientes, leurs urines, leurs cornes, leurs coquilles comme remèdes. Il précise : « comme l’homme est la plus noble des créatures, ses excréments ont aussi une propriété particulière et merveilleuse pour guérir plusieurs maladies. »
Olivier de Serres et les manuscrits Vivarois reprennent l’usage de tous ces produits animaux, soit tels que les préconise le Grand Albert, soit sous des formes un peu différentes. Nous retrouverons les vers de terre, les cloportes, escargots, crapauds, serpents, chiens, les graisses, les fientes, les urines, etc…
La pharmacie officielle a toujours utilisé et utilise encore des produits animaux sous forme d’extraits d’organes: foie, reins, estomac, rate, testicules, poumons, cartilages, os, etc…
Certains médecins homéopathes prescrivent de l’autoisothérapie.
Ils font confectionner des gélules ou des ampoules à partir de l’urine, des selles, des menstrues du malade, pour les lui faire ingérer; le malade produit lui-même son propre médicament.
La thérapeutique populaire contemporaine utilise encore certains de ces produits animaux,ce qui n’a rien d’étonnant.
Il existe une symbolique animale qui intervient aussi en thérapeutique. Les druides, les sociétés secrètes, les religions ont toujours employé des symboles animaux pour représenter des idées accessibles aux seuls initiés. « les animaux sculptés dans nos cathédrales qui intriguent si souvent les visiteurs n’ont pas d’autre origine. Ils ne sont pas le fruit du hasard ou de l’imagination. » (Vincenot 1972). Ils ont bien un sens, ils sont porteurs d’un message.
La truie représente le druide. Le sanglier représente le druide dans les bois. La chouette est le symbole de la sagesse, le loup celui du sorcier (et du dieu Loug ou Lug autre nom d’Obelio), le chat celui du diable. L’ours à la fois compagnon et ennemi de l’homme des cavernes est devenu le symbole de l’amitié. (nounours des enfants). Le corbeau est un oiseau oraculaire. « Le cheval représente la cavale, la cabale, la connaissance » (Vincenot 1972). Les serpents représentent les courants telluriques, les crapauds de même quelquefois; les serpents ailés représentent les courants célestes; la salamandre le feu et l’enfer car elle peut soi disant traverser les flammes impunément… Ces symboles ont joué un rôle dans l’activité supposée des remèdes animaux.
On rencontre des produits qui « tirent » le mal de l’organisme, qui le font sortir. Nous retrouvons là l’idée permanente de chasser, d’expulser les esprits possesseurs comme le faisaient les prêtres médecins égyptiens. Pour faire sortir le mal, on utilise le « transfert des maladies » sur un animal; ainsi le remède du poulet, l’araignée.
La Théorie de la Signature joue un rôle important pour nombre de ces produits. On applique une tête de vipère « vivante » sur une morsure de vipère. On écrase des scorpions vivants sur une piqûre de scorpion.
Il y a des méthodes de sorcellerie: scarabées, os de mort, poux…
Quelquefois une explication mécanique. Le « Remède du poulet » réchauffe; les omelettes appliquées chaudes sont également de bons cataplasmes.
Le Répertoire Général de pharmacie pratique de Dorvault (1910) attribue l’activité de ces différents produits animaux à leur composition chimique: la gélatine, le carbonate de calcium, les acides palmitique, stéarique, oléique, médullique.
La gélatine était le principe actif des bouillons et décoctions de lézards, crapauds, vipères, renards, pénis de cerf et de taureau, de cornes de rhinocéros, cornes de cerf, cloportes, limaçons, veaux, poulets, écrevisses, grenouilles, bœufs…
Le carbonate de calcium était le principe actif des écailles d’huîtres, des coquilles d’œufs, de colimaçons, des bézoards, nids d’hirondelles, poudre de hérissons, de taupes, de soies, de roitelets…
Les graisses suivantes: blaireau, chien, hérisson, homme, lièvre, ours, renard sont très proches de l’axonge ou saindoux de porc.
Cette axoge était très employée, de même que le « flambard » qui est une graisse surnageant à la surface de l’eau servant à faire cuire les viandes. Ces graisses contiennent de l’oléine, de la palmitine et de la stéarine.
Le suif était très employé également. Les graisses de bœuf, veau, mouton, porc, bouc, cerf, vipère, couleuvre, anguille, brochet, la moelle de cerf et celle du bœuf, se rapprochent du suif. Elles sont une combinaison d’acides palmitique, médullique, oléique.
Toutes ces graisses se concentrent chez les mammifères autour des reins, dans l’épiploon la peau.
En fait, l’activité de chacun des produits animaux serait due à plusieurs de ces facteurs: symbolisme, théorie de la signature, transfert des maladies, composition chimique.
Il est à noter que les poissons ne figurent qu’une fois dans ce chapitre. Pourquoi nos ancêtres ont-ils utilisé à peu près toutes les bêtes qui les entouraient : animaux de basse-cour, de compagnie, gibier, insectes, reptiles, batraciens et une seule fois des poissons ?
Pourtant ils en auraient trouvé facilement dans les rivières, lacs, et étangs de nos régions. Qu’ils n’utilisent pas les poissons de mer à cause de la distance et la conservation cela s’explique, mais les poissons d’eau douce ?
Ils utilisaient les coquilles d’huîtres, mais seulement les coquilles qui devaient être « importées » facilement du bord de mer, comme les os de seiche d’ailleurs.