cours n°33 Médecine Paléolithique: corbeau, cornes, crapaud

Corbeau

Animal maléfique. On utilisait sa chair fraîche u conservée pour confectionner un bouillon contre la peste. Nous en avons vu un bel exemple lors de la peste des Vans, le roi de France envoyant de la chair de corbeau aux habitants assiégés par la maladie.
Pourquoi cette chair était-elle efficace ?
Était-ce parce que le corbeau était un animal utilisé pour les oracles dans l’Antiquité ?
Le Grand Albert lui attribuait des vertus merveilleuses. « Si on met une pierre rapportée par le corbeau de l’île d’Alodricus, à une bague, avec une feuille de laurier, et qu’ensuite on touche quelqu’un qui sera enchaîné, ou la serrure d’une porte fermée, aussitôt les chaines se rompront et la porte s’ouvrira. » Il semble donc bien que son activité soit liée à la magie.

Cornes

Corne du cerf
Voici deux recettes du XVIIIe siècle du Manuscrit C:
– « contre les douleurs de dents raclez une corne de cerf; mettez la raclure dans du vin ou de l’eau suivant que vous le pourrez endurer dans votre bouche; il faut que cette solution soit la plus chaude possible. »
– « contre les vers prenez de la corne de cerf en poudre détrempée dans du vinaigre, buvez-en souvent, ils mourront. »

Cornes de chèvre et de cerf
« contre le cracher de sang, est bonne la poudre de cornes de cerf et de chèvre, avec l’eau distillée de bouts de chêne ou de l’eau de plantain. » (Olivier de Serres).

Corne de cheval
La corne du pied de cheval fut très employée. Voici une recette originale contre les hémorroïdes. « Prenez des pelures de la corne du cheval, une poignée que vous jetterez sur le feu. Vous recevrez la fumée. Pour cela vous prendrez une chaise percée sur laquelle vous serez assis, le feu étant dessous, dans un réchaud. Vous en recevrez la fumée et serez guéri. »
Cette technique de fumées appliquées sur le fondement au moyen d’une chaise percée, se retrouve fréquemment.
Ici ce sont des fumées de corne de cheval, ailleurs ce sont des fumées de feuilles de sauge. Cette application avait l’avantage d’être indolore et non traumatisante. Les recettes pour soigner les hémorroïdes sont très nombreuses et originales.

Crapaud

Il a toujours été considéré comme maléfique par les populations. On prétend qu’il urine à la figure de ceux qui le touchent.
Cette urine, comme sa bave seraient aussi toxiques que les piqûres de vipères…
Il a toujours été craint au même titre que les serpents, les salamandres et les orvets.
Pourtant « il figure dans les armoiries des rois de France de Pharamon à Clovis. » (R. de Bayle des Hermens 1980).
On a utilisé ses propriétés thérapeutiques selon le principe de la Signature. On a employé aussi ses propriétés soi-disant « toxiques ».
Olivier de Serres conseillait contre les hémorragies, les dysenteries les règles hémorragiques la poudre de crapaud.
Elle est obtenue e mettant un gros crapaud dans un pot tout neuf en terre vitrée.
Ce pot est mis au four le temps d’une fournée de pain, après quoi il est réduit en poudre. Cette poudre est mise dans un sachet et appliquée localement.
Sa bave a été utiliséesur les panaris et les périonyxis ou torgnoles.
Pour guérir le mal de dents il faut confectionner un cure-dent avec l’os de la cuisse d’un crapaud.
Il n’y a pas longtemps à Valvignères pour éloigner les voleurs de fruits on pulvérisait un bouillon de crapaud à l’aide d’un « balai » en guise de pulvérisateur. Si le voleur mangeait un fruit traité, ses lèvres enflaient.
Pendant la peste des Vans en 1721 on l’utilisait comme traitement.
On suspendait les crapauds vivants par les pattes. On recueillait « dans une coupe de cire mise sous eux, les matières qu’ils dégorgeaient en mourant ». (M.Tallon 1884).
Contre la typhoïde il faut mettre un crapaud dans la chambre du malade à Saint-Mélany (Charrié 1964). « contre les « venins » il faut porter sur soi dans une boîte de la poudre de crapaud, il est certain que si le venin vous attaque il s’attachera à votre crapaud, lequel vous verrez grossir, mais en le mettant dessécher au four, tout le venin s’en ira ».