Dents
Les dents de sangliers étaient très appréciées. « Contre la squinence (ou mal de gorge). Liniment fait de poudre de la dent d’un sanglier avec de l’huile de lin. »
« De même on peut boire de ladite poudre, le poids d’un écu, avec l’eau de charbon béni, pour le même mal. »
« Contre la pleurésie : donnez à boire au malade un drachme de la poudre de dent de sanglier avec quelque sirop pectoral, comme violat ou autre. »
Les dents de morts humains, récoltées dans les cimetières, étaient préconisées en collier en guise de talismans, pour se protéger de la jaunisse et des mauvais sorts. Cet emploi est rapporté par de nombreux auteurs.
Les dents ont toujours été l’objet et l’origine de superstitions, ainsi Pimpanello (1932) nous en rapporte cinq exemples :
– Quand on arrache une dent, il ne faut pas la jeter mais la placer dans un trou de muraille, pour pouvoir venir la chercher après la mort,
– Si on place une dent dans l’eau, sous une pierre, elle deviendra un crapaud ou une vipère,
– rêver de dent est de mauvais augure,
– Si un nourrisson commence sa dentition par la mâchoire supérieure c’est un mauvais présage,
– S’il est précoce, c’est l’annonce d’une nouvelle naissance.
Écrevisses
« Contre la jaunisse, séchez des écrevisses que vous mettez en poudre, mettez-y un peu de safran et mêlez le tout avec du vin blanc. Puis buvez en trois ou quatre fois ». (Manuscrit A).
La pharmacopée officielle a longtemps employé des yeux d’écrevisses ou du test de homard. Il s’agissait de concrétions hémisphériques, ressemblant à un œil, que l’on trouve au moment de la mue dans le corps de ces animaux. Ces yeux sont formés de carbonate de calcium. Ils étaient utilisés pour de nombreuses affections, mais pas contre la jaunisse comme c’est ici le cas.
Nous avons trouvé ces animaux employés contre les différentes sortes de fièvres: par exemple: « en pleine lune pilez une écrevisse vivante, mâle, de celle qui n’ont pas de graines, avec un verre d’excellent vin blanc… prenez-la avec une tête d’ail. Quatre heures avant dîner buvez-la, il est sûr que la fièvre quittera le malade à la seconde fois. » (Manuscrit B).
Ailleurs nous trouvons l’écrevisse pulvérisée avec une vipère employée également contre les fièvres.
Dans un bouillon confectionné avec du foie de veau et un coq les écrevisses sont employées pour traiter une « poitrine ruinée », tuberculeuse…
Escargots, limaçons et limaces
Escargots
Dans certaines régions de France, dès que l’on se blesse il faut uriner sur la plaie ou placer un escargot dessus. Cet emploi se retrouve dans la formule suivante. « Escargot broyé et appliqué avec un peu de farine folle du moulin, soude les plaies » (Manuscrit M).
« Contre les coliques : boire un bouillon d’escargots ; ou boire des escargots pilés avec leurs coquilles et un peu de myrrhe, avec du vin » (Manuscrit M).
« Contre la toux et toutes les maladies pulmonaires nos concitoyens utilisaient et utilisent encore un sirop d’escargots maison. Une recette nous précise : 17 escargots + 17 morceaux de sucre + du Sédum. »
L’activité de ce sirop est enzymatique. La bave d’escargot dissout le mucus, facilite l’expectoration bronchique. Un pharmacien qui a expérimenté une spécialité en contenant, me racontait le test d’activité suivant. Si le soir on met des escargots sur un papier filtre dans un entonnoir couvert, le lendemain matin le papier est digéré par la bave des gastéropodes.
Limaçons rouges
« Contre le boyau avalé le patient boira dans du vin rouge une poudre faite de limaçons rouges, brûlés au four, enfermés dans un pot de terre » (Olivier de Serres). Cette recette vient directement du Grand Albert qui emploie les mêmes limaçons rouges, de la même façon pour soigner les hernies. Avalé est pris ici dans le sens de aval par opposition à amont, avalé signifie sorti, descendu.
Limaces rouges
Contre la sciatique : « prenez des limaces rouges qui n’ont point de coquille. Mettez-en cent. ensuite une poignée de sel commun. Mettez le tout ensemble dans un pot d’eau de vie, et d’eau commune. Faites bouillir tout cela jusqu’à la réduction des deux tiers. Frottez en matin et soir la partie affligée, de ce tiers qui restera; bien chaudement. Ce remède a été éprouvé avec succès ». (Manuscrit B).