Fumier de ferme
« contre les verrues, ramasser une branche de buis, la mettre sous un tas de fumier. Quand la branche est pourrie, la verrue est guérie », nous indique Monsieur Paul Ribon, pharmacien à Ruoms. Nous verrons plus loin que, comme beaucoup de traitement des verrues, celui-ci fait appel à la magie, l’illusion.
Graisses
Les graisses étaient très employées, celle de porc lest encore de nos jours. Elles servaient pour préparer des onguents et jouaient un rôle thérapeutique par elles-mêmes.
Emplâtre contre toutes sortes de plaies, surtout, les maux de tête: graisse de bœuf, de celle que l’on trouve autour des rognons, une livre et demie, graisse de mouton une livre et demie, poix noire une livre, poix de bourgogne une demi-livre, cire neuve un litre. (Manuscrit A).
Onguent contre les ulcères des mamelles:
graisse de pourceau quatre onces,
diachilon de chez l’apothicaire une demi-livre,
cire blanche quatre onces,
minium pulvérisé quatre onces. (Manuscrit A).
Graisse de bouc
« contre les flux de sang, prenez graisse de bouc en poudre et faites boire au patient. » (Manuscrit A).
Pour les hémorroïdes qui sortent, après les avoir remises dedans; il faut presser contre le fondement un bâton de noyer oingt d’huile d’olive ou de graisse de mouton, ou de celle de chèvre. Cela fait , il est nécessaire se tenir au lit, couché sur le ventre, quelques heures, pour donner temps et moyen au boyau de se remettre en son lieu. (Olivier de Serres).
Chez la femme enceinte, faire le mélange suivant qui, employé en onctions sur le ventre, servira à retenir l’enfant:
« graisse de canard et de chat deux onces de chaque.
Graisse de cheval, de chien, de truie chastrée une once de chaque
Mouëlle de pieds de bélier, un quarteron
Sain de bouc et beurre frais une once et demie de chaque
Cire blanche deux onces.
Faîtes fondre à feu lent; puis pistez dans un mortier et lavez plusieurs fois avec eau de rose ou de lis. » (Olivier de Serres).
Graisse d’anguille
« contre la surdité: appliquer avec du coton, le fourrant dans l’oreille, l’onguent fait avec de la graisse d’anguille et de l’huile d’amandes douces. » (Olivier de Serres).
Graisse d’oie
« contre la surdité opérer comme avec la graisse d’anguille,mais employer de la graisse d’oie avec deux drachmes d’aloès cicotrin en poudre. » (Olivier de Serres).
Graisse de chapon ou graisse de chevreau
Toutes deux sont employées contre les lèvres fendues, ce qui semble tout à fait logique.
Graisse de poule ou graisse de cane
« contre l’opilation de la rate,oindre le côté avec un onguent de beurre frais, moelle de boeuf, graisse de cane ou de poule, mêlés ensemble. »(Olivier de Serrres).
Graisse de chrétien
Mazon (1884) signale que certains Ardéchois croyaient que les anciens médecins et chirurgiens allaient déterrer les morts pour s’approprier leur graisse et en confectionner des médicaments.On appelait cette graisse « la graisse de chrétien ». A cette époque là, quand une famille avait enterré un mort ayant de l’embonpoint, les parents montaient la garde pendant la nuit au cimetière avec leurs fusils. C’est ce qui se passa en 1820 après l’enterrement de l’abbé Meyrueitz curé de Gravières. Il y eut des gardes pendant 8 nuits consécutives, 12 gardiens se relayant par piquets de quatre.
Cette crainte des habitants était-elle justifiée ? On nous a signalé que pendant la seconde Guerre Mondiale, et ses restrictions, s’est produit le fait suivant. Un pharmacien de Lyon récupérait la graisse humaine enlevée au cours d’opérations chirurgicales à l’hôpital Grange Blanche pour en fabriquer du savon si rare et rationné à l’époque. Un jour, un de ses collaborateurs passant devant cette graisse en train de mijoter, poussé par on ne sait quel instinct, crût voir du graton en cours de fabrication. Il ne laissa pas passer l’occasion d’y goûter…?
La récupération de la « graisse de chrétien » a donc bien existé au XXeme siècle et sûrement aussi dans les siècles antérieurs, comme le confirme la littérature de ces différentes époques. Nous l’avons dit au début de ce chapitre la graisse humaine et la graisse de porc ont une composition semblable. Ceci explique peut-être les paroles de la chanson des salles de garde: « les bourgeois, c’est comme les cochons… »!