« Pour épancher tout membre de saignies (pus)! Prenez grenouilles vives et les faire cuire en un pot dedans le four ou au feu tant qu’elles viennent en poudre, et en mettez en yn drapeau sur le membre ou le mal. » (Manuscrit C).
Formule d’un emplâtre « hystérique » relevé dans le manuscrit A:
Huile d’olive deux onces
Minion (minimum) deux onces
Séruse (céruse) huit onces
Sperme de grenouille deux onces
Savon dix onces.
Comment se procurer cette grenouille mâle ? comment récupérer son sperme ?
Olivier de Serres préconise souvent l’emploi de ces batraciens: « contre les fièvres : coeurs de grenouilles appliqués au cœur ou sur l’espine du dos. » Une fois de plus est soulignée l’importance de l’épine dorsale.
» Contre la goutte: onctions avec l’huile d’olive dans laquelle auront bouilli des grenouilles jusqu’à la séparation des os d’avec la chair. »
» Contre la goutte, sciatique et autres, un emplâtre est souverain c’est l’emplastrum ranis en latin ou emplâtre de grenouilles en français:
Six grenouilles vivantes, grosses et grasses
Deux onces huile de camomille
Deux onces huile d’aneth
Deux onces huile de spicanardi (Nard Indien)
Deux onces huile de lis
Deux onces huile de safran
Une livre graisse de pourceau non salée
Une demi-livre graisse de veau
Cinq drachmes euphorbe
Dix drachmes encens
Une once et demie huile laurin
Deux onces graisse de vipère
Trois onces et demie vers de terre lavés en vin
Deux onces suc de la racine du petit sureau, en latin ebulus
Deux onces enula campana
Une manipule de fleur de chemant (c’est une fleur dont les chameaux se nourrissent)
Une manipule stécados
Une manipule matricaire
Deux livres vin odorant.
Faites bouillir le tout jusqu’à consomption du vin. Puis coulez par le tamis. Y soient ajoutées:
Une livre litarge d’or
Deux onces térébenthine claire
Cire blanche autant qu’il suffise
Une once et demie storax liquide.
En soit fait un emplâtre selon l’art. »
Ouf! quel emplâtre indigeste cet emplâtre de grenouilles! Mais quelle efficacité! Il est plus agréable de déguster les grenouilles des Dombes même si leur efficacité contre les rhumatismes n’est pas établie.
« Contre la morsure de vipère, manger des grenouilles cuites et après boire leur bouillon. » (Manuscrit M).
Aux XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles les grenouilles étaient donc très employées en applications locales, en poudres, en bouillies. Ces mêmes préparations étaient absorbées par la voie buccale. Pourquoi un tel emploi de grenouilles ? Si l’on ajoute la valeur culinaire que nos compatriotes ont toujours attachée à ces batraciens, il ne faut pas être étonné du sobriquet de mangeurs de grenouilles attribué aux français.
Hirondelles
Oiseau aimé de l’homme et protégé par lui. Oiseau bénéfique en particulier pour la vue et les yeux. Nous avons déjà rencontré les pierres d’hirondelles guérisseuses des yeux. Un dicton gaulois dit: » à la première hirondelle que tu vois lave toi les yeux à la fontaine, les hirondelles emporteront tous les maux de tes yeux ».
Pline écrit:
« Par quelque herbe le cerf du fer se scait défendre » (Par herbe se refait l’hirondelle les yeux).
Il s’agit de la chélidoine dont le nom vient de chélidon: hirondelle en grec.
Nids d’hirondelle (arondelles)
« Contre la squinence, c’est à dire l’inflammation du gosier, user des cataplasmes suivants appliqués chaudement sur le gosier: des cendres provenant d’un nid d’hirondelles, brûlé avec les petits dedans, pétries avec de l’huile de camomille et d’amandes douces ». (Olivier de Serres). C’est le même emploi que le Grand Albert qui « préfère ce remède à tous les remèdes de la médecine d’Orient et d’Occident pour guérir un si cruel mal. »